Que faire en cas de perte d’emploi?

 

 

QUE FAIRE EN CAS DE PERTE D'EMPLOI?

Nous traversons actuellement une période de pénurie de main-d’œuvre, mais cela ne signifie pas pour autant que les entreprises ne procèdent pas, de temps à autre, à des licenciements et ce, pour différentes raisons. Il faut dire que, dans le contexte actuel, les défis ne manquent pas pour les entreprises: hausse généralisée des salaires, du coût des matières premières et des taux d’intérêts, inflation, instabilité des marchés, etc. Ces facteurs (et bien d’autres) peuvent contraindre les employeurs à faire des ajustements ou à prendre des décisions difficiles au sein de leur organisation et cela peut malheureusement engendrer des licenciements.

Si votre employeur a récemment décidé de mettre fin à votre emploi, cette annonce peut être reçue comme un choc, tant sur le plan émotionnel que financier. Il faut toutefois éviter de se laisser emporter par les émotions et y aller « étape par étape » en se faisant accompagner par les bonnes personnes pour traverser cette période de turbulences.

Voici quelques trucs pour vous aider à faire valoir vos droits et vivre cette période avec le plus de sérénité possible:

1) Ne vous laissez pas guider par vos émotions

Il est normal de se sentir déboussolé lorsque l’on perd son emploi. Il est aussi compréhensible que vous ressentiez de la tristesse, de la déception et peut-être même de la frustration. Mais, vous ne devriez pas vous sentir démuni pour autant : renseignez-vous sur vos droits et agissez en conséquence. Mettez les émotions de côté pour prendre les bonnes décisions financières, car celles-ci auront un impact sur votre avenir. Cependant, cela ne veut pas dire pour autant que vous devriez refouler vos émotions. Il ne faut pas négliger votre santé mentale et celle-ci peut être mise à rude épreuve dans une pareille situation. Cet aspect est primordial, alors n’hésitez pas à consulter à ce sujet si vous en ressentez le besoin. Pour les fins de cette chronique, nous nous attarderons toutefois davantage aux aspects juridiques de la perte d’emploi.

2) Consultez les bons professionnels au bon moment

Dans une telle situation, vous aurez avantage à vous tourner vers un avocat compétent dans ce domaine ainsi que, probablement, votre comptable (peut-être aussi un psychologue ou un autre professionnel de la santé, tel que mentionné précédemment).

Quels sont vos droits?
Si votre employeur a décidé de mettre fin à votre emploi sans que vous n’ayez commis une faute lourde justifiant un congédiement, on parle alors d’un licenciement (ou d’un congédiement sans motifs sérieux). Contrairement à un employé qui verrait son emploi terminé sans préavis en raison d’une faute lourde (aussi appelée « faute grave » ou « motifs sérieux ») justifiant une telle fin d’emploi, l’employé licencié a droit à un préavis de départ raisonnable.

LE PRÉAVIS DE DÉPART - APPLICATION DE LA LOI SUR LES NORMES DU TRAVAIL

Si vous êtes un employé salarié travaillant au Québec et jouissant de plus de trois mois de service continu au sein de votre employeur et que vous êtes assujetti à la Loi sur les normes du travail, c’est cette loi qui vous indiquera le préavis de départ qui doit vous être versé par votre employeur. Il est aussi possible que l’employeur vous demande de fournir une prestation de travail pendant la période visée par le préavis de départ. Cela est parfaitement légal. Ainsi, si vous avez droit à huit semaines de préavis (par exemple), l’employeur peut décider de mettre fin immédiatement à votre emploi et vous verser une compensation financière équivalente à huit semaines de rémunération ou il peut, à son choix, vous aviser que, dans huit semaines, votre emploi prendra fin et vous demander de continuer de remplir vos fonctions d’ici là. Dans les faits, ce dernier cas est plus rare puisque l’on ne peut logiquement s’attendre à ce que la motivation de l’employé qui reçoit une telle nouvelle soit à son meilleur durant cette période correspondant au préavis de départ. Pour cette raison, il est fréquent que les employeurs décident de mettre fin à l’emploi sur-le-champ et de payer à l’employé la rémunération correspondant au préavis de départ auquel il a droit.

Pour de plus amples renseignements à ce sujet, nous vous invitons à consulter le site de la CNESTT ainsi que le site d’Éducaloi :
https://www.cnesst.gouv.qc.ca/fr/conditions-travail/fin-demploi/avis-cessation-demploi-indemnite
https://educaloi.qc.ca/capsules/les-normes-du-travail-au-quebec/

Il faut toutefois savoir que cette Loi fixe les exigences minimales que l’employeur doit respecter. Vous pourriez donc tout de même avoir droit à une indemnité de départ allant au-delà du préavis minimal prévu par la Loi. Cela peut être le cas, par exemple, si vous avez accumulé de très nombreuses années d’ancienneté au sein de votre employeur. Afin de savoir s’il vous est possible d’obtenir davantage que le préavis prévu par la Loi, nous vous incitons à obtenir conseils.

LE PRÉAVIS DE DÉPART - CADRES INTERMÉDIAIRES ET SUPÉRIEURS

Par ailleurs, si vous êtes un cadre intermédiaire ou un cadre supérieur, vous n’êtes pas assujetti à la Loi sur les normes du travail. En cas de licenciement, vous avez également droit à un préavis de départ, mais celui-ci n’est pas spécifiquement déterminé par la loi et sera plutôt déterminé en tenant compte de différents facteurs. La plupart du temps, en cas de fin d’emploi (sans faute lourde de l’employé cadre) l’employeur offrira une indemnité de départ au cadre supérieur et intermédiaire (et parfois, au cadre de premier niveau aussi) afin de le compenser pour les revenus dont il sera privé au cours de la période visée par le préavis de départ. Cette offre d’indemnité de départ sera habituellement accompagnée d’une transaction et quittance que le cadre devra signer pour percevoir ladite indemnité.

Même s’il peut être tentant de signer sur-le-champ la transaction et quittance qui vous est soumise par votre employeur afin d’obtenir rapidement votre indemnité de départ, nous vous recommandons fortement de ne pas le faire tout de suite. Prenez du recul. Si votre employeur ne vous l’a pas offert d’emblée, demandez-lui de vous allouer un délai d’au moins une semaine (ou dix jours, voire deux semaines) pour y penser et consulter à ce sujet. Si le délai demandé est raisonnable, votre employeur acquiescera à votre demande, car il ne peut pas vous refuser le droit de consulter à ce sujet.

Un avocat expérimenté dans ce domaine pourra vous donner l’heure juste et vous dire si l’indemnité offerte est suffisante. Nous vous déconseillons de faire cet exercice par vous-même, sans bénéficier d’une expertise externe dans ce domaine. L’indemnité de départ pourra varier selon votre ancienneté, les fonctions et le rôle hiérarchique que vous occupiez au sein de l’employeur, vos études, votre âge, votre parcours professionnel, les perspectives d’emplois similaires dans votre secteur d’activités, les circonstances de votre embauche et les représentations qui vous ont alors été faites, etc. Une analyse de votre situation doit donc être faite par un professionnel en la matière et chaque cas est unique, même si l’analyse doit tout de même se faire selon certains critères bien établis. Sachez que le maximum établi à titre d’indemnité de départ correspond à 24 mois (2 ans) de rémunération. Évidemment, une indemnité de départ aussi « généreuse » ne sera appropriée que dans certains cas bien précis. Une telle indemnité n’est donc pas représentative de ce que les employeurs versent la plupart du temps à leurs employés.

Si vous percevez habituellement un boni de la part de votre employeur, il devra en être tenu compte dans l’indemnité de départ (boni au prorata). Aussi, de façon générale, tous les avantages reliés à l’emploi devront être considérés dans le calcul de la juste indemnité de départ à laquelle vous avez droit et non pas uniquement le salaire versé par l’employeur.

Finalement, il faut aussi tenir en compte le traitement fiscal d’une telle indemnité de départ. Un avocat spécialisé en la matière pourra vous présenter vos options et, avant de prendre une décision, il pourrait être opportun de consulter votre comptable ou votre fiscaliste qui connaît bien votre situation financière et fiscale.

Quant à la quittance que l’employeur vous demandera sûrement de signer, il serait judicieux de de d’abord demander l’avis d’un avocat à ce sujet afin de ne pas renoncer à vos droits (ou, à tout le moins, de le faire en toute connaissance de cause) puisque ce document engendre des conséquences inéluctables.

LA CLAUSE DE NON-CONCURRENCE

Si votre employeur a mis fin à votre emploi sans que vous n’ayez commis une faute lourde, vous serez libéré des engagements que vous avez souscrits par le biais d’une clause de non-concurrence. Il arrive parfois que des employeurs cherchent tout de même à ultimement maintenir certaines restrictions au niveau de la concurrence. Or, l’employé n’est pas obligé d’accepter de telles contraintes. S’il accepte, ce sera habituellement parce qu’il en aura retiré quelques avantages additionnels dans le cadre d’une négociation post-emploi.

Dans tous les cas, et ce, peu importe le contexte de la fin d’emploi, l’employé demeure assujetti à ses obligations de confidentialité et de loyauté à l’égard de l’employeur.

LES SERVICES DE RÉORIENTATION DE CARRIÈRE

Afin de vous aider dans le cadre de votre recherche d’un nouvel emploi, votre employeur pourrait être disposé à défrayer les coûts d’un tel service pour une période variant de trois à six mois, et ce, en plus de vous verser une indemnité de départ. N’hésitez pas à vous renseigner à ce sujet. Un avocat spécialisé dans le domaine en discutera certainement avec vous si cela apparait opportun.

3) Mettez votre curriculum vitae à jour et soyez proactif

Même s’il peut être tentant de prendre une période de repos pour vous donner le temps de vous remettre de la perte de votre emploi, ne prenez pas trop de temps. Évidemment, si un professionnel de la santé a émis un avis indiquant que vous êtes en « arrêt de travail » ou que vous n’êtes pas actuellement apte à l’emploi et que vous devez prendre une pause, c’est différent. Vous devez, bien sûr, suivre les conseils de votre professionnel de la santé.

Toutefois, en l’absence de contrainte significative au niveau de votre santé physique ou émotionnelle, vous devez vous assurer que vous faites ce qu’il faut pour limiter vos dommages. Ainsi, on s’attendra à ce qu’un employé qui a perdu son emploi se remette, dans un délai raisonnable, à la recherche d’un emploi de même niveau offrant des conditions équivalentes. Vous serez donc bien avisé de mettre votre cv à jour et d’agir de façon proactive pour maximiser vos chances de succès dans le cadre de votre recherche d’emploi. D’autre part, il n’est pas nécessaire de précipiter les choses non plus ni d’accepter la première offre d’emploi qui se présente à des conditions nettement moins avantageuses. Là n’est pas la question. Trouver un autre emploi stimulant et offrant de bonnes conditions peut prendre du temps. Il faut donc se donner ce temps.

Enfin, gardez l’esprit ouvert et restez positif : cette période de transition pourrait bien donner naissance à une nouvelle aventure professionnelle captivante.

Pour en savoir plus sur votre situation, consultez-nous.

Il est normal que cette période d’incertitude suivant la perte de votre emploi engendre des questionnements et des remises en question. Suite à votre licenciement, vous recevrez probablement des conseils de votre conjoint, de vos amis ou même de vos parents et cela peut se comprendre, ces derniers ont de bonnes intentions à votre égard et veulent vous aider. Toutefois, pour prendre des décisions éclairées, vous devriez consulter et obtenir l’opinion d’un avocat spécialisé en la matière. Chaque situation a ses particularités, il peut donc être trompeur de se fier à l’expérience vécue par certains de vos proches ou amis.

Me Anne-Marie Jutras détient près de vingt ans d’expérience dans la négociation d’indemnité de départ et de questions connexes à la fin d’emploi, en particulier pour les cadres intermédiaires et supérieurs. Elle saura vous conseiller judicieusement et vous représenter avantageusement, le tout, avec empathie et professionnalisme. En faisant appel à ses services, vous vous sentirez bien accompagné, vous gagnerez en sérénité et vous pourrez rebondir plus rapidement. C’est ce que nous vous souhaitons.

Si vous avez des questions à ce sujet, n’hésitez pas à me contacter.

Me Anne-Marie Jutras, avocate, médiatrice et arbitre accréditée

JUTRAS AVOCATS INC.
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AVIS

Les renseignements contenus dans cette chronique sont communiqués à titre informatif uniquement et ne sauraient constituer un avis juridique sur un cas en particulier. Pour obtenir une opinion juridique, nous vous invitons à nous consulter.

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